Un jeune migrant soutenu par Welcome, Ezadin Al Cheikh, 20 ans, a réussi à obtenir cet automne un CAP de carrossier. Si vous aviez vu ses yeux lorsqu'il a reçu son diplôme, c'était très touchant, beaucoup de joie et de fierté !
Ezadin est arrivé en Europe à 16 ans, venant du Soudan (Darfour) via un camp de réfugiés au Tchad, la traversée du désert de Libye, le franchissement de la Méditerranée, l'Italie, Marseille et la rue… Sa route pour atterrir au Pays d'Aix a été longue et semée d'embûches… Mais, aîné d'une ribambelles d'enfants, il devait y arriver!
Quand vous le croisez dans les couloirs du CFA, Ezadin a
toujours le sourire aux lèvres ! Il est toujours content, heureux d'être en
France. Il a préparé son CAP pendant 2 ans, malgré les difficultés rencontrées,
un difficile apprentissage de la langue, et la complexité des matières
d'enseignement général, techniques et professionnelles. A Welcome, nous étions
un peu dubitatifs sur sa réussite, la crise du Covid lui a peut-être donné un
coup de pouce, mais, comme pour prouver sa détermination, Ezadin prépare cette
année un nouveau CAP (peinture en carrosserie). En plus du CFA (formation de
base et professionnelle) et de son travail chez un employeur, Ezadin suit des
cours de "Français Langue Etrangère" deux soirs par semaine après son
travail.
Ezadin Al Cheikh est né en 2000 dans un petit village du
Darfour. En 2003, la guerre civile éclate dans cette province : rébellions
et répression font des milliers voire des dizaines de milliers de morts. Des
villages entiers sont détruits, leurs habitants massacrés. La famille d'Ezadin
s'enfuit vers le Tchad et se retrouve au camp de réfugiés d'Abeche. Dix années
passent… Les conditions de vie sont très difficiles et le père d'Ezadin, qui
veut une vie meilleure pour son fils, décide en 2014 de le confier à un oncle
qui va travailler en Libye. L'homme part donc avec Ezadin. Ils traversent le
désert dans des conditions périlleuses… Tous deux sont employés quelques mois à
Sebbah mais ne peuvent obtenir le salaire promis. L'oncle rentre au Tchad et Ezadin
se retrouve seul. Il a tout juste 15 ans. Les conditions de vie dans la Libye en
guerre sont encore plus terribles que dans le camp de réfugiés qu'il a quitté
(prison, sévices, disette). Il reste cinq mois à Tripoli avant d'embarquer sur
un bateau de fortune vers l'Italie. Secouru par un navire italien, il débarque
en Sardaigne. En deux mois, il rejoint Rome, puis Vintimille. Il traverse la
frontière, les Alpes à pied et arrive épuisé à Gap où il décide de s'arrêter.
Ezadin est alors pris en charge par des associations qui s'occupent notamment des Migrants Isolés Étrangers (MIE). Fin 2016, il est envoyé à Marseille. Il commence à suivre des cours pour apprendre le français. Plus tard on l'envoie à Aix-en-Provence au Foyer Saint-Michel qui accueille des mineurs. Il y reste jusqu'à sa majorité. Il demande alors le droit de rester en France et obtient le statut de réfugié. Il a désormais le droit de rester et de travailler. Welcome l'accompagne en l'accueillant au sein de familles et en l'aidant à franchir les nombreux obstacles administratifs imposés aux migrants.
Aujourd'hui, Ezadin a mûri. Il ne perd plus, ou ne se fait plus voler, ses papiers et son pécule. Il gère son dossier administratif, sa carte Vitale, son compte bancaire, ses cours etc. Grâce à WhatsApp, il reste en lien avec sa famille au Tchad, mais lui regarde vers l'avenir, l'intégration en France. Il a une chambre minuscule au Foyer de Jeunes Travailleurs des Milles, où trône son scooter encore symbolique (il n'a encore ni permis ni assurance, mais peu importe, il contemple son futur destrier !). Chaque dimanche matin, il va jouer au foot avec d'autres migrants ou habitants de la ZAC du Jas de Bouffan, il aime tant marquer des buts ! Ses profs l'estiment et le soutiennent, car c'est un battant toujours optimiste, toujours prêt à rendre service… Ezadin n'a pas fini de nous étonner...
(Claude Carrillo et Bénédict de Saint-Laurent)
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