Le pape François a dévoilé le 19 décembre au Vatican un
crucifix habillé d'un gilet de sauvetage, récupéré à la dérive, et symbole de
la mort de nombreux migrants en Méditerranée. Il a ainsi assumé son geste : J'ai décidé d'exposer ce gilet de sauvetage, "crucifié", pour
rappeler à tous l'engagement impératif de sauver toute vie humaine, car la vie
de chaque personne est précieuse aux yeux de Dieu.
Cette croix de réfugié a fait scandale chez certains
catholiques traditionnalistes, criant au blasphème ou à l'idolâtrie… Le pape
François est également accusé d’encourager une invasion migratoire. Pour une
fois, les intégristes ont raison : la croix est bien un scandale ! Eh
bien nous, nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie
pour les Grecs, affirme ainsi saint Paul.
Echec de la sagesse humaine, la croix est effectivement un
scandale (étymologiquement, la pierre qui fait achopper, en grec), tant pour
les Juifs (la pendaison étant malédiction de Dieu, un Messie crucifié est une contradiction,
un vrai blasphème qui entache l’image
même de Dieu) que pour les Grecs (la croix est le supplice par excellence des
esclaves, une folie pour qui se prétend Seigneur).
Dans la douceur de Noël, le geste de François témoigne de la
cruauté du monde. Le petit enfant qui attire joyeusement dans la crèche
donnera, selon les chrétiens, sa propre vie pour sauver le monde. C'est donc un
beau symbole de relier à Jésus un gilet de sauvetage, je trouve… Que ce Noël
nous trouve dans la joie, mais aussi dans la conscience grave de ce que devient
notre monde. Et que ce Noël apporte paix et réconfort à nos amis migrants, à
ceux qui sont chez nous, à ceux qui sont sur la route, à ceux qui sont
martyrisés ou qui ont perdu espoir !
(Bénédict de Saint-Laurent, WPA)