Dessin de Deligne paru dans "La Croix" |
Quels
sont les faits exposés dans cette vidéo ? Le 19 octobre 2020, sept Afghans sont
découverts à Pertuis, à bord d’un camion en provenance de Slovaquie, via
l’Italie. Ils sont sans papiers et déclarent vouloir demander l’asile en
France. Ils sont informés par les gendarmes qu’ils doivent aller présenter leur
demande à Marseille, au guichet unique des demandeurs d’asile et sont laissés
libres. Une heure après, ils sont contrôlés dans Pertuis puis quittent la ville
le jour même.
Qu’est-ce
que le droit d’asile ?
Ce
droit est inscrit dans le préambule de la Constitution française qui affirme
que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a
droit d’asile sur les territoires de la République ». Le droit d’asile découle
également des engagements internationaux de la France, en particulier de la
convention de Genève sur les réfugiés du 28 juillet 1951 ratifié par 145 Etats.
Au
sortir de la seconde guerre mondiale, alors que l’Europe comptait plusieurs
millions de personnes déplacées sur l’ensemble du continent, la convention de
Genève, prenant également en compte les persécutions de l’entre-deux-guerres et
de la Shoah, a mis en œuvre les préoccupations proclamées par la Déclaration universelle
des droits de l’homme de 1948, notamment l’article 14-1 « devant la
persécution, toute personne a le droit de chercher l’asile et de bénéficier de
l’asile en d’autres pays ».
Ce
socle juridique, édifié peu à peu à partir des multiples meurtrissures de notre
passé, revêt un caractère quasi « civilisationnel » qui peut se résumer en une
phrase : protéger ceux qui risquent la mort.
C’est pourquoi, si le franchissement illégal d’une frontière de notre
pays peut justifier une reconduite à la frontière, ceci est interdit si
l’étranger a déclaré à une autorité compétente -par exemple la gendarmerie
nationale- son intention de demander l'asile.
Nous
ne devons pas l’ignorer. Le contester, ou demander que la loi soit modifiée sur
ce point, est une erreur grave au regard de notre histoire.
Est-il
exact que notre République est une véritable passoire ?
Nous
laissons à monsieur le maire la responsabilité de cette affirmation. Nous n’en
croyons rien. Dans l’exemple des demandeurs d’asile afghans arrivés à Pertuis
le 19 novembre, le fait que les premières personnes qu’ils aient rencontrées à
leur arrivée en France aient appelé les gendarmes, tend à prouver le contraire.
Tous ceux qui se sont rendus sur la frontière avec l’Italie, au nord comme au
sud, ont pu constater que les contrôles étaient très importants.
Les
étrangers sont-ils responsables, de manière prépondérante, des attentats
terroristes commis en France ?
Monsieur
le maire fait référence aux deux attentats qui nous ont frappés récemment,
l’assassinat de Samuel Paty et celui de trois personnes dans la basilique de
Nice. En conclusion, il redit son inquiétude : « Imaginez si ces gens avaient
été des tueurs ou des terroristes ! »
Cette
crainte est-elle fondée ? Il est certain que le terrorisme islamiste n’est pas
né en France. Est-il pour autant avéré que les demandeurs d’asile ou même que
les étrangers résidant en France soient à l’origine de la plupart des attentats
islamistes commis dans notre pays ?
Le
nombre d’auteurs d’attentats perpétrés en France étant, heureusement, peu
important, une approche statistique est impossible. Le ministre de l’intérieur,
Gérald Darmanin, a toutefois rappelé, à propos des attaques depuis 2015 : “sur
les 30 derniers terroristes confondus pour des actes commis sur notre sol, 22
étaient français, 8 seulement, étrangers”.
Le
ministre de l’intérieur a aussi récemment révélé que, sur 20 000 personnes
inscrites sur le fichier des signalements pour la prévention de la
radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), 4% étaient en situation
irrégulière en France.
Par
ailleurs, il n’y a, a priori, aucune raison de penser que les auteurs
d’attentats commis en France aient un profil différent de ceux qui ont tué ou
blessé des personnes dans d’autres pays. Le think tank américain CATO qui a
étudié les données de 174 pays entre 1995 et 2015, ce qui valide probablement
une approche statistique, en arrive à la conclusion suivante : ”Nous
n’observons aucune association significative entre la part des migrants dans un
pays et l’activité terroriste”.
Suggérer
un amalgame - "Imaginez si ces gens avaient été des tueurs ou des terroristes
!" - est grave. Affirmer sans nuances ni précisions que notre République est
une véritable passoire, et donc sous-entendre qu’elle doit être plus difficile
d’accès, voire interdite aux demandeurs d’asile, n’a pas de sens.
Sans
ignorer les difficultés de mettre, enfin, en place un accueil digne des
demandeurs d’asile, les organisations signataires considèrent comme
irresponsable d’attiser les peurs.
Elles
rappellent leur attachement indéfectible aux valeurs de la République, au
respect des engagements que la France a ratifiés et aux droits humains.
(WPA
a signé cette pétition. La vidéo contestée est visible sur ce lien)
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