lundi 11 janvier 2021

Une meilleure année 2021 !

A en juger par les vœux reçus, l’année 2020 a été éprouvante pour beaucoup… En nous décentrant un minimum de nos cas personnels, il est facile de nous rendre compte qu’il y a beaucoup plus malheureux que nous, à commencer par les migrants. La crise sanitaire les a relégués en dernière priorité (malgré des efforts initiaux pour élargir l’offre d’accueil en hôtel et autres mesures d'urgence). Même si le nombre d’entrées de demandeurs d’asile (DA) a baissé en 2020 (86 600 primo-demandeurs d’asile en 2020, contre 110 600 en 2019), les conditions se sont durcies.

Dessin WHO / aparttogetherstudy.org
Pour commencer, on peut se demander si la baisse de demandeurs n’est pas liée à la difficulté croissante d’accès aux diverses autorités. Comme l’écrit Brèves-Infos Migrations, « l’administration ne répond plus! Alors que des préfectures de plus en plus nombreuses obligent les demandeurs (étrangers) à prendre rendez-vous en ligne pour être « en règle », les plages horaires proposées sont notoirement insuffisantes, engendrant des catastrophes pour les demandeurs (pas de papiers, pas de preuve de demande, pas d’autorisation pour travailler, donc perte de l’emploi et des ressources, etc.)».

Ensuite, crise sanitaire oblige, les obstacles se multiplient : couvre-feu par ci, confinement par là, impossibilité de joindre l’OFII, retard de paiement des aides, délai interminable de comparution à la CNDA, gel des visas pour regroupement familial, fermeture de la frontière britannique (Brexit -pour la grande joie des passeurs !). Sans parler du non-respect de l’engagement de juillet 2017 « qu’aucune personne ne vive à la rue ou dans les bois », d’où la demande associative de 20 000 places d’hébergement en plus. Et la CNDA considère à présent l’Afghanistan, à l’exception du Nangarhar, comme pays sûr (une plaisanterie…) et va passer aux visio-audiences… Médiatiquement, les quelques attentats terroristes commis par des arrivants récents (cf. église de Nice) ne favorisent pas la cause des migrants.

Pour être honnête, reconnaissons quelques progrès : naturalisation de quelques 800 demandeurs « bons citoyens » (1,6% des naturalisations annuelles), forfait de transport minoré pour les DA (mais à Paris !), invalidation par les tribunaux administratifs de certaines décisions portant sur la visite aux DA détenus en rétention aux frontières.

Les difficultés rencontrées par les migrants en France et en Europe ont des conséquences dans les pays en développement. Ainsi, selon la Banque Mondiale, les transferts vers les pays d’origine auraient diminué de 7% en 2020, en grande partie du fait de la baisse de l’activité économique, et des contraintes de déplacement.

Enfin, il y a plus précaire que le demandeur d’asile enregistré (lui-même plus précaire, bien sûr, que le réfugié protégé), c’est le sans-papier, soit venant d’arriver et ne parvenant pas à obtenir un contact (exclusivement sur rendez-vous) avec l’administration ou ses avatars (plateforme d’aide), soit débouté de ses droits  - depuis le « dubliné » qui doit attendre 18 mois avant d’être éligible comme demandeur d’asile en France, jusqu’au « débouté » sous la menace d’une obligation de quitter le territoire (le fameux coup de pied OQTF…), rarement mais assez arbitrairement mis à exécution…  La crise sanitaire et l’hiver plutôt froid (pour ceux qui squattent ou sont à la rue) ajoutent l’épreuve à l’épreuve.

Oui, on peut souhaiter une année réellement meilleure pour tous, et spécialement pour nos amis migrants, à quelque stade qu’ils en soient dans leur parcours du candidat à l'intégration.

(Bénédict de Saint-Laurent, WPA)

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