dimanche 31 octobre 2021

Rencontre des familles et assemblée générale de WPA samedi 6 novembre 2021 après-midi

Le répit accordé par la crise du Covid nous permet enfin de nous réunir physiquement ce samedi 6 novembre 2021, de 14h30 à 17h00, chez les Carrillo, 580 chemin des Fourches, 13100 Le Tholonet (06 28 54 18 26). Toutes les personnes intéressées* sont volontiers conviées à cette réunion, qui aura plusieurs objectifs :
  • faire connaissance, pour ceux et celles qui arrivent dans le réseau
  • évoquer nos expériences respectives dans l'accueil ou dans le suivi des migrants
  • discuter des grandes orientations de WPA
  • organiser notre association (en tenant notre assemblée générale annuelle**)
Quelques consignes importantes :
  • Nous vous demandons d'être en conformité avec les règles sanitaires en vigueur.
  • Merci de vous grouper au maximum dans les voitures, les places de parking étant limitées et le chemin des Fourches plutôt étroit.
  • Si vous souhaitez intégrer le Conseil d'administration (une bonne chose !), faites-vous connaître auprès de notre présidente, Claude Carrillo (cliquer sur le lien)
* à condition de le faire savoir par mail auprès de Sylvie Piquenot (cliquer ici)
** seules les personnes qui sont adhérentes à l'association et qui sont à jour de leur cotisation, peuvent, selon nos statuts, voter, par exemple pour élire le CA
(le bureau sortant)

Nouvelles des migrants : qui sont-ils? que deviennent-ils ?

Depuis sa création en tant qu’association, WPA* a aidé et suivi 24 migrants, 10 d’entre eux ayant obtenu un statut leur permettant de résider légalement en France, 3 étant en cours de procédure, 2 étant placés dans une association qui les emploie légalement (Emmaüs), et 9 ayant plus ou moins disparu de nos radars (ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, puisque nous souhaitons évidemment leur autonomie). Tous ont séjourné dans une ou plusieurs familles d’accueil, en général plusieurs mois. Les dates montrent que la prise en charge de certains demandeurs d’asile par WPA peut s’étaler sur plusieurs années…

Nous avons également effectué un travail souvent intensif de préparation de ces DA* aux diverses étapes de la procédure (récit initial, entretien OFPRA, recours éventuel à la CNDA), ainsi qu’à un suivi ultérieur, quand ils le demandaient. Quelques-uns n’ont pas accepté les contraintes du réseau (par exemple, assistance aux cours de français, fiabilité dans la relation avec la famille d’accueil) et ont préféré se débrouiller seuls.

Dans ce bilan, nous préservons l’anonymat des DA* dont le statut n’est pas encore établi, mais ceux qui les ont accueillis les reconnaîtront.

A. Personnes qui ont obtenu un statut (réfugié, étudiant etc.)

  • Rooney NOFAL (Syrien), 31 ans, a obtenu la protection en tant que réfugié en décembre 2020. Il a été hébergé en famille WPA* jusqu’à mi-octobre 2021. Il a obtenu un logement à ADOMA Aix et est inscrit pour une formation en français rémunérée d’octobre à fin décembre 2021.
  • Alexe MACFOY (Centrafricain), 25 ans, a reçu la protection en tant que réfugié en juin 2021. Il cohabite avec son frère, également réfugié, et souhaite faire une formation en transport et logistique.
  • Abdelmaoula (Abdel) Hassane MAHAMAT, (Tchadien), 27 ans, a obtenu en 2021 un titre de séjour d’étudiant pour deux ans. Il loge au CROUS* à Marseille, et suit ses cours à Saint-Jérôme.
  • Melat GETACHEW (Erythréenne), 28 ans, a obtenu le statut de réfugiée en novembre 2019. Elle travaille dans un restaurant associatif à Marseille.
  • Mohamad Rashad AL MASRI (Syrien), 23 ans, a obtenu le statut de réfugié en juin 2021. est toujours logé au FJT*. Il n’a pas renouvelé son contrat en alternance avec son employeur. Il fait une formation rémunérée en français avec la mission locale et souhaite se préparer pour une formation de vendeur en parfumerie.
  • Ezzadin Al CHEIKH (Soudanais), 21 ans, a obtenu en mars 2018 le statut de réfugié en tant que mineur. Il est toujours théoriquement en apprentissage et logé au FJT*. Il a obtenu son CAP de carrossier et de peinture automobile. Il est en recherche d’un nouvel emploi.
  • Asadullah ALI ZADA (Afghan), 42 ans, a obtenu la protection subsidiaire (4 ans) en juillet 2021 après recours à la CNDA*. Il vit et travaille à Marseille. Il a peu de nouvelles de sa femme et de ses enfants réfugiés à Kaboul depuis la reprise du pays, et de sa région de Ghazni, par les Talibans. Son ethnie (hazara) est particulièrement visée.
  • Moammar ATWI (Libanais), 50 ans, a obtenu le statut de réfugié en 2020, mais peine à se reconvertir en journaliste (son métier), car ne maîtrisant pas encore suffisamment le français. Il suit diverses formations à notre langue.
  • Maklet MAHARRY (Erythréenne), 32 ans, a obtenu le statut de réfugiée en décembre 2017 et dispose d’un CDI au Tubet (Petites sœurs de Jésus) comme agent d’accueil et d’entretien, après plusieurs emplois précaires. Cependant, elle reste séparée de son fils Nathanaël qu'elle avait confié en Libye à une amie éthiopienne en mai 2015. En près de 4 années (2017-2021), les démarches très complexes de rapprochement familial via la Croix Rouge ont bien avancé, mais le visa de sortie d’Ethiopie de son fils a été rejeté par les autorités locales en octobre 2021. WPA* mobilise des élus pour des interventions politiques auprès de l’Ambassade et de diverses organisations.
  • Gelesio ESTRADA (Cubain), 29 ans, a obtenu le statut de réfugié en décembre 2017. Nous n’avons pas de nouvelles récentes de lui.

B.   Personnes en cours de procédure

  • U, une Ethiopienne de 32 ans, déboutée par l’OFPRA*, a introduit un recours auprès de la CNDA*. Elle a dû accepter un hébergement en Avignon proposé en août par l’OFII* dans un HUDA*, ce qui l’éloigne de ses connaissances. Elle dispose cependant d’une référente attachée à l’établissement, avec qui nous sommes en contact pour préparer son recours.
  • H, un Afghan de 27 ans, a vu sa demande d’asile de Faysal rejetée par l’OFPRA*, il prépare le passage à la CNDA*, il réside maintenant dans un CADA* à Marseille.
  • Y, nouveau DA* iranien de 29 ans, est accueilli dans le réseau WPA depuis la rentrée. Bénéficiant d’un visa d’étudiant, mais opposant au régime de son pays, il s’est décidé récemment à faire une demande d’asile.

C.   Personnes déboutées (et donc susceptibles de recevoir un OQTF*)

  • W, un Guinéen de 32 ans, débouté par la CNDA*, a trouvé accueil à Emmaüs Cabriès, qui lui donne un travail pouvant, sous certaines conditions, déboucher après trois années sur une régularisation de sa présence en France;
  • K, un Moldave de 26 ans, débouté par la CNDA*, a trouvé accueil à Emmaüs Cabriès, où il assure un travail de cuisinier. Cet emploi régulier pourra sous certaines conditions déboucher après trois années sur une régularisation de sa présence en France.

D. Autres cas (9 personnes)

  • Plusieurs migrants ont également fait un passage par notre réseau : Mehdi ROSTAMI (Kurde iranien), Hassibudin et Nisarudin NOORI (frères et Afghans) ; pour Zabihullah Z. (Afghan) et Jalil SHAFAYEE (Afghan), ce passage a été très bref, une autre solution ayant été trouvée.
  • Bakh Shah ZADA (Pakistanais), 20 ans, n’a plus donné de nouvelles après avoir quitté sa formation. Il est retourné travailler dans un restaurant à Marseille.
  • Nous n'avons pas de nouvelles récentes, par contre, de Salifou CAMARA, Adam MOUSSAB, Husamah MAHAMA, qui ont quitté volontairement le réseau, et dont la situation n’est probablement pas stabilisée.

* Petit lexique

  • ADA : Aide aux demandeurs d’asile
  • CADA : Centre d’accueil des demandeurs d’asile
  • CNDA : Cour nationale du droit d’asile
  • CROUS : Centre régional des œuvres universitaires et scolaires
  • DA : Demandeur d’asile
  • FJT : Foyer des Jeunes Travailleurs (Aix-Les Milles)
  • HUDA : Hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile
  • OFII : Office français de l’immigration et de l’intégration
  • OFPRA : Office français de protection des réfugiés et apatrides
  • OQTF : Obligation de quitter le territoire français
  • WPA : Welcome Pays d’Aix

vendredi 29 octobre 2021

Pétitions, que faire?

Nous sommes, presque chaque jour, informés d'atteintes sérieuses aux droits des personnes, en particulier migrants en Europe et parfois en France. Nous acceptons parfois de signer les pétitions proposées par nos différents partenaires, mais cela peut poser diverses questions :

  • nous ne sommes pas en mesure, à WPA, de vérifier toutes les informations transmises; par exemple, nous trouvons étonnant qu'un maire, comme celui de Riace en Italie, soit condamné à 11 ans de prison alors que ce maire semble avoir tout fait pour accueillir des migrants dans sa commune de Calabre, quitte à transgresser parfois les règles en vigueur. Mais bien peu d'information transparaît sur la nature et la gravité de ces irrégularités...
  • Dessin de Chapatte
    il est facile de signer, toujours signer, mais bien plus difficile d'agir concrètement !
  • nous voudrions respecter un équilibre (par exemple dans ce blog) entre la dénonciation des situations inacceptables (souvent assez loin de nous) et l'information sur les dossiers concrets sur lesquels nous travaillons, ou les personnes que nous aidons.
  • enfin, si, globalement, la position des Etats européens concernant l'immigration est marquée par la peur, le manque de courage et d'humanité, l'absence de prévision des crises et autres carences graves, il y a quand même des points positifs (par exemple le fait que, crise Covid aidant, beaucoup d'hôtels aient été réquisitionnés pour accueillir certains migrants...). 

Voici a contrario deux situations qui méritent vraiment d'être dénoncées :

  • Près de chez nous, à Briançon, un bras de fer se joue en cette fin d'octobre 2021 entre divers protagonistes pour l'accueil de 150 à 200 migrants passés par les cols depuis l'Italie, alors que le froid arrive. Occupant d'abord la gare (après la fermeture de locaux associatifs), ces migrants ont été ensuite accueillis dans une église, puis ont occupé un centre de vaccination désert avant d'être chassés par les forces de l'ordre à la demande du maire (lequel s'oppose à l'évêque de Gap, qui plaide pour davantage d'humanité).
  • Beaucoup plus loin, à la frontière entre Biélorussie (qui joue comme la Turquie la carte "migrants" pour embarrasser l'Europe) et Pologne, des familles entières de migrants exportés de Syrie ou Turquie sont prises en étau depuis la fin de l'été entre la Biélorussie, qui les chasse, et la Pologne qui a créé une zone de non-droit avec son armée empêchant les migrants de pénétrer sur son territoire. Beaucoup de migrants tournent en rond dans les forêts inhospitalières depuis plusieurs semaines et meurent probablement de faim et de froid sans que personne ne puisse intervenir.

Hélas, ces comportements inhumains existent aussi entre Grèce et Turquie, au large de la Libye, près des enclaves espagnoles au Maroc, et dans beaucoup d'autres zones sensibles de notre belle et indifférente Europe...
(B. de Saint-Laurent, WPA)

jeudi 28 octobre 2021

Un travail remarquable d'Agir sur le parcours du combattant du migrant

Le collectif AGIR, dont fait partie Welcome Pays d'Aix aux côtés d'associations sœurs, a publié une synthèse précise, mais édifiante, des diverses étapes auxquelles est confronté un demandeur d'asile arrivant en France. Cet accueil non-VIP est plein de chausses-trappes administratives (délais à respecter, contraintes pour récupérer les documents etc.) et se double hélas dans la plupart des cas de sérieux traumatismes psychologiques. 

Le migrant moyen a en effet quitté un enfer (le pays d'origine, que personne ou presque ne quitte volontiers !), traversé plusieurs enfers (selon le cas, le Sahara, la Méditerranée, des camps de transit ou de rétention, des frontières sévèrement gardées, la torture, mes menaces, le viol, le racket etc.). Croyant arriver au paradis européen, il atterrit en fait dans un nouvel enfer (la rue, la gare St-Charles, les squats, certains bidonvilles), tout en ayant l'obligation morale d'annoncer aux siens qu'il a rejoint le paradis espéré...

Le document AGIR, que l'on trouvera sur ce lien, mérite d'être lu en détail par tout citoyen, et particulièrement par tout personne soucieuse de venir en aide aux demandeurs d'asile.

En résumé et d'après la Convention de Genève de 1951, le statut de réfugié peut être accordé à toute personne "craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays." Mais en pratique, les personnes qui souhaitent demander l’asile en France sont confrontées à un véritable usine à gaz dont notre administration a le secret...

La procédure de demande d’asile est longue (souvent plusieurs années avant d'épuiser tous les recours) et seulement une minorité de demandes obtiennent une réponse favorable, après que tous les éléments difficilement rassemblés par le migrant, ses aides dans les associations comme WPA et son avocat aient été en général mis en doute par une bureaucratie qui instruit généralement à charge... Les grandes étapes (chacune, peu évidente...) sont les suivantes :

Étape 1 : obtenir une adresse de domiciliation administrative et un rendez-vous à la préfecture.

Étape 2 : obtenir une autorisation provisoire de séjour à la préfecture.

Dessin de Plantu
Étape 3 : obtenir les conditions matérielles d’accueil auprès de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII), en particulier l'aide aux demandeurs d'asile, un hébergement éventuel, des cours de français etc.

Étape 4 : envoyer sa demande d’asile à l'Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA).

Étape 5 : passer un entretien à l'Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA).

Étape 6 : attendre la réponse de l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA).

Etape 7 : en cas de refus, introduire un recours auprès de la Cour Nationale du Droit d'Asile (CNDA)

Etape 8 : en cas de nouveau refus, tenter de s'opposer à une éventuelle obligation de quitter le territoire français (OQTF) et tenter d'autres voies de régularisation (par le travail etc.)

(Bénédict de Saint-Laurent, sur la base d'infos transmises par AGIR)