dimanche 13 mars 2022

Réunion d'information au Tholonet sur l'accueil de réfugiés venant d'Ukraine

Une réunion sur l'accueil possible de réfugiés ukrainiens est organisée par Welcome Pays d'Aix (WPA) le mercredi 16 mars 2022 de 19:30 à 20:45 au Tholonet, salle Ferrat, 975 avenue Paul Jullien (voir plan d'accès ci-contre).

Cette réunion permettra de faire le point sur les offres d'hébergement émanant du réseau des familles participant à Welcome. Elle permettra aussi de faire part des limites du réseau Welcome et des précautions à prendre pour réussir un accueil différent de ce que pratique habituellement ce réseau (en termes de durée, de composition du groupe accueilli, de langue etc.). Le type de support que pourra apporter Welcome sera également abordé.

La vocation de Welcome, comme du collectif Agir sur Aix, est plutôt d'accueillir des demandeurs d'asile (alors que les nationaux ukrainiens, déjà 10 000 en France, reçoivent un statut de réfugié pour 3 ans). WPA pourra en particulier aider les étrangers résidant en Ukraine et non pris en charge par les pays limitrophes (étudiants par exemple). Mais le contexte exceptionnel du conflit ukrainien et le faible flux actuel de migrants "ordinaires" conduit l'association à envisager également l'accueil de familles ou individuels ukrainiens.

La réunion est ouverte à toute personne intéressée à apporter une contribution positive. Vous pouvez en faire part à vos amis et connaissances en les invitant ou en rediffusant ce message. 

Pour le CA de Welcome Pays d'Aix (WPA), les co-secrétaires
Sylvie Piquenot et Bénédict de Saint-Laurent

jeudi 3 mars 2022

Accueillir des réfugiés ukrainiens?

Welcome Pays d'Aix est membre du collectif Agir, qui réunit 35 associations aixoises actives pour l'aide aux demandeurs d'asile. Le bureau d'Agir a pris position sur le rôle à tenir pour l'accueil de réfugiés ukrainiens, et nous partageons largement cette position. Dans le cas de WPA, notre mission est d'accueillir plutôt des célibataires demandeurs d'asile, pour un séjour court (4 à 6 semaines dans une famille donnée, puis rotation au sein d'autres familles), alors que la demande liée à la guerre d'Ukraine concerne plutôt des groupes familiaux, qui auront obtenu en principe une protection de 3 ans des pays UE et qui auront besoin de stabilité sur une durée hélas assez longue. Nous pourrions, à WPA, nous intéresser à l'accueil des étudiants africains revenant d'Ukraine et dont la situation n'est pas claire (rejet par certains pays européens).

Voici des extraits de la position d'Agir : "L’actualité dramatique de ces derniers jours nous a secoués et nous secoue encore terriblement. Probablement tous pour la même raison : la folie des hommes, la folie d’un homme qui provoque la déstabilisation de l’Europe, la désolation, la destruction d’un pays, la fuite de millions de femmes et d’enfants et la mort.
Et tout ça, à côté de chez nous. (...) Nous avons discuté au Bureau du Collectif de cette nouvelle situation et avons choisi de rester sur notre engagement premier : l’accueil des personnes qui demandent l’asile en France. Ainsi pour aider au mieux de nos compétences, nous accueillerons, dans la limite de nos moyens, les personnes qui nous solliciteront et qui auront choisi de déposer une demande d’asile en France.

Pour les autres, personnes et familles déplacées, fuyant l’horreur de cette guerre inique, le gouvernement, de nombreuses collectivités, des villes, des associations proposent déjà des solutions d’accueil provisoires, jusqu’à ce que les conditions d’un retour en Ukraine soient réunies. (...) 
La communauté ukrainienne, il est vrai peu nombreuse en France (18 000 selon l’OFII, 100 000 selon d’autres estimations), est mobilisée. Nous recevons des messages de personnes souhaitant héberger une famille ukrainienne. Nous leur proposons de prendre contact avec les nombreuses associations qui se sont très vite mobilisées ou avec leur collectivité territoriale, ou encore d'envoyer un message à l'adresse hebergement@ukr.fr.

De nombreux étrangers, étudiants africains entre autres, fuient également l‘Ukraine.
Seront-ils accueillis et protégés eux aussi ? (...) Gageons que ce prodigieux élan de solidarité ne s’arrêtera pas à nos amis ukrainiens."

Pour le bureau, Patrice Cartier
Président du Collectif Agir

jeudi 17 février 2022

Vérité des chiffres et données sur la migration

Compte tenu de l'actualité politique (présidentielles 2022), de la sensibilité de l'opinion aux questions migratoires, du discours parfois mal informé de certains politiciens, il est très important d'avoir une vision objective de la situation migratoire en France.

Hélas, une de nos meilleures sources, Jean Haffner, un particulier passionné par la question et auteur chaque mois de "Brèves-Infos-Migrations et France", a décidé fin 2021 d'arrêter cette très précieuse publication (dont on trouvera ici un exemple). Voici le message reçu de sa part, qui montre bien la difficulté de la tâche :

Chers amis fidèles
Après 130 newsletters (et 30 annexes), l’heure est venue d’arrêter l’envoi de ces notes de lecture.
Le thème des migrations et de l’accueil des étrangers est et sera de + en + d’actualité. Mais, en se complexifiant, la règlementation et la réalité exigent d’être de + en + « pointu » pour bien cerner les tenants et aboutissants des décisions. Je me suis éloigné peu à peu des lieux et sources d’information et des actions avec les migrants, et ne pouvant alors recouper diverses infos, je dois en mettre de + en + à l’écart… Aussi ma synthèse devient-elle moins satisfaisante.
Le risque est alors grand de focaliser sur les dérives des forces « de l’ordre » dans le Calaisis ou ailleurs, de trop relayer le discours des associatifs, de ne signaler que la mauvaise volonté de l’Administration à l’égard des étrangers ou l’hypocrisie de déclarations officielles. Bref, de devenir trop partial en ne voyant que le verre à moitié vide.
Espérant qu’au fil de ces années ces « Brèves » vous aient aidés, je vous souhaite une bonne continuation dans vos accueils des étrangers.
Cordialement
Jean Haffner


On pourrait espérer que l'Administration prenne le relai. L'OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides) mérite de recevoir une très bonne note pour la mise en ligne de tous ses avis sur les divers pays d'origine (voir par exemple ce lien pour les pays africains, mais les autres régions du monde sont également bien couvertes). Par contre, la partie statistique de son site remonte à 2018, avec des chiffres relatifs à l'année 2016 (tout juste bons pour le précédent quinquennat...). Le rapport OFPRA sur l'activité de cet office est en ligne sur ce lien, mais il ne fournit dans ses annexes statistiques que des données sur 2020. La CNDA (Cour Nationale du Droit d'Asile) fait beaucoup mieux en matière de statistiques, avec un rapport déjà en ligne sur ses propres données de l'année 2021. Toutefois ces dernières ne portent que sur les recours adressés à cette Cour (68 000 en 2021), et non sur le total des entrées en France. Le site de la CNDA comporte également une section géopolitique qui fournit à la fois des rapports de mission par pays et certains documents généraux relatifs à l'asile.
Le Ministère de l'Intérieur a publié en janvier 2022 une note de synthèse avec les chiffres 2021 sur les entrées de migrants en France. Le flux reste modéré, avec 104 000 demandes d'asile (81 000 en 2020, année en forte réduction du fait de la crise sanitaire). L'attribution d'un statut de protection a par contre fortement augmenté (54 000 titres, contre 33 000 en 2020), en partie seulement à cause de la crise afghane. Les mesures d'éloignement exécutées demeurent à un niveau faible (environ 13 000 départs).
Enfin, c'est sur le site de l'INSEE que l'on trouve des données globales sur la population immigrée (10% environ de la population totale en 2021, contre un peu plus de 7% entre 1970 et 2000). Mais nulle donnée sur le flux annuel de migrants -sauf très ancienne, comme cette note de 2014, qui montre qu'à l'époque, les nouveaux migrants étaient de plus en plus d'origine européenne.
(Bénédict de Saint-Laurent)

jeudi 3 février 2022

Un départ raté pour des migrants vers l’Europe

La pirogue quelques jours après son échouage
En séjour avec son épouse au Sénégal, près de la frontière gambienne, un de nos administrateurs Welcome, Philippe Mioche, a observé le triste naufrage d'une pirogue censée emmener une cinquantaine de migrants sénégalais vers les Canaries ou l'Espagne, deux destinations pourtant très éloignées. Il a voulu en savoir plus, s'est intéressé à cette aventure avortée, et après un véritable travail d'enquêteur, a pu rencontrer certains protagonistes et rédiger un article très intéressant sur ce qui n'est pas qu'un "fait divers"... Vous pouvez lire ici cet article.

Ce récit illustre bien les rêves souvent peu réalistes de certains jeunes du tiers-monde, prêts à risquer beaucoup pour un avenir incertain dans le voyage, puis en Europe. Compte tenu de ces naufrages (et heureusement, dans ce cas, il ne semble pas qu'il y ait eu de victimes), des pertes humaines au long du parcours, des deux-tiers de migrants déboutés par les diverses instances européennes, on peut vraiment dire qu'il y a beaucoup d'appelés (ou plutôt de volontaires) et peu d'élus.

vendredi 21 janvier 2022

Bonne et heureuse année 2022

L'association WPA souhaite à tous ses amis-grants, membres et sympathisants une excellente année 2022.
Puissions-nous retrouver cette année des conditions optimales d'accueil... Puissent les migrants s'intégrer au mieux dans notre société. Puissent tous les cas en suspens être enfin réglés. Puissent nos politiques et notre administration se montrer humains et dignes d'un grand pays comme le nôtre...
Pour le conseil d'administration de WPA, Claude Carrillo, Présidente

mercredi 8 décembre 2021

Rencontre avec les migrants ce samedi 11 décembre à la Méjanes

A partir de 11:30, le samedi 11 décembre, le collectif AGIR* et la Méjanes organisent une série d'événements associant les migrants accueillis à Aix : récits, parcours culinaire, exposition d'oeuvres, moment musical, ateliers d'art plastique ou de tresses africaines. Chacun est convié à ce temps de rencontre avec les demandeurs d'asile, réfugiés, refoulés et membres d'AGIR.

Le programme détaillé de cette manifestation est disponible sur ce lien. Venez nombreux découvrir la culture de nos ami-grants et les activités des associations contribuant à Agir !

* collectif d'associations venant en aide aux migrants sur le pays d'Aix, et dont WPA est membre

  • Journée Exil et Partage. 11 décembre 2021,11:30/18:00, Bibliothèque Méjanes-Allumettes, 8 rue des Allumettes 13100 Aix-en-Provence

dimanche 31 octobre 2021

Rencontre des familles et assemblée générale de WPA samedi 6 novembre 2021 après-midi

Le répit accordé par la crise du Covid nous permet enfin de nous réunir physiquement ce samedi 6 novembre 2021, de 14h30 à 17h00, chez les Carrillo, 580 chemin des Fourches, 13100 Le Tholonet (06 28 54 18 26). Toutes les personnes intéressées* sont volontiers conviées à cette réunion, qui aura plusieurs objectifs :
  • faire connaissance, pour ceux et celles qui arrivent dans le réseau
  • évoquer nos expériences respectives dans l'accueil ou dans le suivi des migrants
  • discuter des grandes orientations de WPA
  • organiser notre association (en tenant notre assemblée générale annuelle**)
Quelques consignes importantes :
  • Nous vous demandons d'être en conformité avec les règles sanitaires en vigueur.
  • Merci de vous grouper au maximum dans les voitures, les places de parking étant limitées et le chemin des Fourches plutôt étroit.
  • Si vous souhaitez intégrer le Conseil d'administration (une bonne chose !), faites-vous connaître auprès de notre présidente, Claude Carrillo (cliquer sur le lien)
* à condition de le faire savoir par mail auprès de Sylvie Piquenot (cliquer ici)
** seules les personnes qui sont adhérentes à l'association et qui sont à jour de leur cotisation, peuvent, selon nos statuts, voter, par exemple pour élire le CA
(le bureau sortant)

Nouvelles des migrants : qui sont-ils? que deviennent-ils ?

Depuis sa création en tant qu’association, WPA* a aidé et suivi 24 migrants, 10 d’entre eux ayant obtenu un statut leur permettant de résider légalement en France, 3 étant en cours de procédure, 2 étant placés dans une association qui les emploie légalement (Emmaüs), et 9 ayant plus ou moins disparu de nos radars (ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, puisque nous souhaitons évidemment leur autonomie). Tous ont séjourné dans une ou plusieurs familles d’accueil, en général plusieurs mois. Les dates montrent que la prise en charge de certains demandeurs d’asile par WPA peut s’étaler sur plusieurs années…

Nous avons également effectué un travail souvent intensif de préparation de ces DA* aux diverses étapes de la procédure (récit initial, entretien OFPRA, recours éventuel à la CNDA), ainsi qu’à un suivi ultérieur, quand ils le demandaient. Quelques-uns n’ont pas accepté les contraintes du réseau (par exemple, assistance aux cours de français, fiabilité dans la relation avec la famille d’accueil) et ont préféré se débrouiller seuls.

Dans ce bilan, nous préservons l’anonymat des DA* dont le statut n’est pas encore établi, mais ceux qui les ont accueillis les reconnaîtront.

A. Personnes qui ont obtenu un statut (réfugié, étudiant etc.)

  • Rooney NOFAL (Syrien), 31 ans, a obtenu la protection en tant que réfugié en décembre 2020. Il a été hébergé en famille WPA* jusqu’à mi-octobre 2021. Il a obtenu un logement à ADOMA Aix et est inscrit pour une formation en français rémunérée d’octobre à fin décembre 2021.
  • Alexe MACFOY (Centrafricain), 25 ans, a reçu la protection en tant que réfugié en juin 2021. Il cohabite avec son frère, également réfugié, et souhaite faire une formation en transport et logistique.
  • Abdelmaoula (Abdel) Hassane MAHAMAT, (Tchadien), 27 ans, a obtenu en 2021 un titre de séjour d’étudiant pour deux ans. Il loge au CROUS* à Marseille, et suit ses cours à Saint-Jérôme.
  • Melat GETACHEW (Erythréenne), 28 ans, a obtenu le statut de réfugiée en novembre 2019. Elle travaille dans un restaurant associatif à Marseille.
  • Mohamad Rashad AL MASRI (Syrien), 23 ans, a obtenu le statut de réfugié en juin 2021. est toujours logé au FJT*. Il n’a pas renouvelé son contrat en alternance avec son employeur. Il fait une formation rémunérée en français avec la mission locale et souhaite se préparer pour une formation de vendeur en parfumerie.
  • Ezzadin Al CHEIKH (Soudanais), 21 ans, a obtenu en mars 2018 le statut de réfugié en tant que mineur. Il est toujours théoriquement en apprentissage et logé au FJT*. Il a obtenu son CAP de carrossier et de peinture automobile. Il est en recherche d’un nouvel emploi.
  • Asadullah ALI ZADA (Afghan), 42 ans, a obtenu la protection subsidiaire (4 ans) en juillet 2021 après recours à la CNDA*. Il vit et travaille à Marseille. Il a peu de nouvelles de sa femme et de ses enfants réfugiés à Kaboul depuis la reprise du pays, et de sa région de Ghazni, par les Talibans. Son ethnie (hazara) est particulièrement visée.
  • Moammar ATWI (Libanais), 50 ans, a obtenu le statut de réfugié en 2020, mais peine à se reconvertir en journaliste (son métier), car ne maîtrisant pas encore suffisamment le français. Il suit diverses formations à notre langue.
  • Maklet MAHARRY (Erythréenne), 32 ans, a obtenu le statut de réfugiée en décembre 2017 et dispose d’un CDI au Tubet (Petites sœurs de Jésus) comme agent d’accueil et d’entretien, après plusieurs emplois précaires. Cependant, elle reste séparée de son fils Nathanaël qu'elle avait confié en Libye à une amie éthiopienne en mai 2015. En près de 4 années (2017-2021), les démarches très complexes de rapprochement familial via la Croix Rouge ont bien avancé, mais le visa de sortie d’Ethiopie de son fils a été rejeté par les autorités locales en octobre 2021. WPA* mobilise des élus pour des interventions politiques auprès de l’Ambassade et de diverses organisations.
  • Gelesio ESTRADA (Cubain), 29 ans, a obtenu le statut de réfugié en décembre 2017. Nous n’avons pas de nouvelles récentes de lui.

B.   Personnes en cours de procédure

  • U, une Ethiopienne de 32 ans, déboutée par l’OFPRA*, a introduit un recours auprès de la CNDA*. Elle a dû accepter un hébergement en Avignon proposé en août par l’OFII* dans un HUDA*, ce qui l’éloigne de ses connaissances. Elle dispose cependant d’une référente attachée à l’établissement, avec qui nous sommes en contact pour préparer son recours.
  • H, un Afghan de 27 ans, a vu sa demande d’asile de Faysal rejetée par l’OFPRA*, il prépare le passage à la CNDA*, il réside maintenant dans un CADA* à Marseille.
  • Y, nouveau DA* iranien de 29 ans, est accueilli dans le réseau WPA depuis la rentrée. Bénéficiant d’un visa d’étudiant, mais opposant au régime de son pays, il s’est décidé récemment à faire une demande d’asile.

C.   Personnes déboutées (et donc susceptibles de recevoir un OQTF*)

  • W, un Guinéen de 32 ans, débouté par la CNDA*, a trouvé accueil à Emmaüs Cabriès, qui lui donne un travail pouvant, sous certaines conditions, déboucher après trois années sur une régularisation de sa présence en France;
  • K, un Moldave de 26 ans, débouté par la CNDA*, a trouvé accueil à Emmaüs Cabriès, où il assure un travail de cuisinier. Cet emploi régulier pourra sous certaines conditions déboucher après trois années sur une régularisation de sa présence en France.

D. Autres cas (9 personnes)

  • Plusieurs migrants ont également fait un passage par notre réseau : Mehdi ROSTAMI (Kurde iranien), Hassibudin et Nisarudin NOORI (frères et Afghans) ; pour Zabihullah Z. (Afghan) et Jalil SHAFAYEE (Afghan), ce passage a été très bref, une autre solution ayant été trouvée.
  • Bakh Shah ZADA (Pakistanais), 20 ans, n’a plus donné de nouvelles après avoir quitté sa formation. Il est retourné travailler dans un restaurant à Marseille.
  • Nous n'avons pas de nouvelles récentes, par contre, de Salifou CAMARA, Adam MOUSSAB, Husamah MAHAMA, qui ont quitté volontairement le réseau, et dont la situation n’est probablement pas stabilisée.

* Petit lexique

  • ADA : Aide aux demandeurs d’asile
  • CADA : Centre d’accueil des demandeurs d’asile
  • CNDA : Cour nationale du droit d’asile
  • CROUS : Centre régional des œuvres universitaires et scolaires
  • DA : Demandeur d’asile
  • FJT : Foyer des Jeunes Travailleurs (Aix-Les Milles)
  • HUDA : Hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile
  • OFII : Office français de l’immigration et de l’intégration
  • OFPRA : Office français de protection des réfugiés et apatrides
  • OQTF : Obligation de quitter le territoire français
  • WPA : Welcome Pays d’Aix

vendredi 29 octobre 2021

Pétitions, que faire?

Nous sommes, presque chaque jour, informés d'atteintes sérieuses aux droits des personnes, en particulier migrants en Europe et parfois en France. Nous acceptons parfois de signer les pétitions proposées par nos différents partenaires, mais cela peut poser diverses questions :

  • nous ne sommes pas en mesure, à WPA, de vérifier toutes les informations transmises; par exemple, nous trouvons étonnant qu'un maire, comme celui de Riace en Italie, soit condamné à 11 ans de prison alors que ce maire semble avoir tout fait pour accueillir des migrants dans sa commune de Calabre, quitte à transgresser parfois les règles en vigueur. Mais bien peu d'information transparaît sur la nature et la gravité de ces irrégularités...
  • Dessin de Chapatte
    il est facile de signer, toujours signer, mais bien plus difficile d'agir concrètement !
  • nous voudrions respecter un équilibre (par exemple dans ce blog) entre la dénonciation des situations inacceptables (souvent assez loin de nous) et l'information sur les dossiers concrets sur lesquels nous travaillons, ou les personnes que nous aidons.
  • enfin, si, globalement, la position des Etats européens concernant l'immigration est marquée par la peur, le manque de courage et d'humanité, l'absence de prévision des crises et autres carences graves, il y a quand même des points positifs (par exemple le fait que, crise Covid aidant, beaucoup d'hôtels aient été réquisitionnés pour accueillir certains migrants...). 

Voici a contrario deux situations qui méritent vraiment d'être dénoncées :

  • Près de chez nous, à Briançon, un bras de fer se joue en cette fin d'octobre 2021 entre divers protagonistes pour l'accueil de 150 à 200 migrants passés par les cols depuis l'Italie, alors que le froid arrive. Occupant d'abord la gare (après la fermeture de locaux associatifs), ces migrants ont été ensuite accueillis dans une église, puis ont occupé un centre de vaccination désert avant d'être chassés par les forces de l'ordre à la demande du maire (lequel s'oppose à l'évêque de Gap, qui plaide pour davantage d'humanité).
  • Beaucoup plus loin, à la frontière entre Biélorussie (qui joue comme la Turquie la carte "migrants" pour embarrasser l'Europe) et Pologne, des familles entières de migrants exportés de Syrie ou Turquie sont prises en étau depuis la fin de l'été entre la Biélorussie, qui les chasse, et la Pologne qui a créé une zone de non-droit avec son armée empêchant les migrants de pénétrer sur son territoire. Beaucoup de migrants tournent en rond dans les forêts inhospitalières depuis plusieurs semaines et meurent probablement de faim et de froid sans que personne ne puisse intervenir.

Hélas, ces comportements inhumains existent aussi entre Grèce et Turquie, au large de la Libye, près des enclaves espagnoles au Maroc, et dans beaucoup d'autres zones sensibles de notre belle et indifférente Europe...
(B. de Saint-Laurent, WPA)

jeudi 28 octobre 2021

Un travail remarquable d'Agir sur le parcours du combattant du migrant

Le collectif AGIR, dont fait partie Welcome Pays d'Aix aux côtés d'associations sœurs, a publié une synthèse précise, mais édifiante, des diverses étapes auxquelles est confronté un demandeur d'asile arrivant en France. Cet accueil non-VIP est plein de chausses-trappes administratives (délais à respecter, contraintes pour récupérer les documents etc.) et se double hélas dans la plupart des cas de sérieux traumatismes psychologiques. 

Le migrant moyen a en effet quitté un enfer (le pays d'origine, que personne ou presque ne quitte volontiers !), traversé plusieurs enfers (selon le cas, le Sahara, la Méditerranée, des camps de transit ou de rétention, des frontières sévèrement gardées, la torture, mes menaces, le viol, le racket etc.). Croyant arriver au paradis européen, il atterrit en fait dans un nouvel enfer (la rue, la gare St-Charles, les squats, certains bidonvilles), tout en ayant l'obligation morale d'annoncer aux siens qu'il a rejoint le paradis espéré...

Le document AGIR, que l'on trouvera sur ce lien, mérite d'être lu en détail par tout citoyen, et particulièrement par tout personne soucieuse de venir en aide aux demandeurs d'asile.

En résumé et d'après la Convention de Genève de 1951, le statut de réfugié peut être accordé à toute personne "craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays." Mais en pratique, les personnes qui souhaitent demander l’asile en France sont confrontées à un véritable usine à gaz dont notre administration a le secret...

La procédure de demande d’asile est longue (souvent plusieurs années avant d'épuiser tous les recours) et seulement une minorité de demandes obtiennent une réponse favorable, après que tous les éléments difficilement rassemblés par le migrant, ses aides dans les associations comme WPA et son avocat aient été en général mis en doute par une bureaucratie qui instruit généralement à charge... Les grandes étapes (chacune, peu évidente...) sont les suivantes :

Étape 1 : obtenir une adresse de domiciliation administrative et un rendez-vous à la préfecture.

Étape 2 : obtenir une autorisation provisoire de séjour à la préfecture.

Dessin de Plantu
Étape 3 : obtenir les conditions matérielles d’accueil auprès de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII), en particulier l'aide aux demandeurs d'asile, un hébergement éventuel, des cours de français etc.

Étape 4 : envoyer sa demande d’asile à l'Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA).

Étape 5 : passer un entretien à l'Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA).

Étape 6 : attendre la réponse de l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA).

Etape 7 : en cas de refus, introduire un recours auprès de la Cour Nationale du Droit d'Asile (CNDA)

Etape 8 : en cas de nouveau refus, tenter de s'opposer à une éventuelle obligation de quitter le territoire français (OQTF) et tenter d'autres voies de régularisation (par le travail etc.)

(Bénédict de Saint-Laurent, sur la base d'infos transmises par AGIR)

vendredi 5 mars 2021

Pour aider les jeunes migrants (devenus) majeurs à sortir de l’impasse

(cette pétition de la LDH nous est transmise par Réseau Hospitalité de Marseille]

L’actualité a mis au grand jour la situation de jeunes étrangers présents depuis des années en France, arrivés soit mineurs isolés, soit avec leur famille, en cours d’études, d’apprentissage, accédant à l’emploi souvent dans des secteurs en pénurie de main-d’œuvre et soudain victimes de refus de séjour avec obligation de quitter le territoire (OQTF) dès lors qu’ils arrivent à leur majorité.

Nous nous réjouissons évidemment que plusieurs de ces jeunes aient trouvé une solution heureuse avec l’obtention d’un titre de séjour grâce à la solidarité que leur situation a suscitée.

Au-delà de ces cas emblématiques, les jeunes en détresse sont nombreux. Depuis des années, associations, enseignants, éducateurs, chefs d’entreprise, maîtres d’apprentissage, élus sonnent l’alarme et ne sont pas entendus. Nous sommes quotidiennement témoins d’un terrible gâchis humain et social : voir des jeunes être menacés d’expulsion, réduits à vivre dans la peur, l’errance et la clandestinité, alors que la France est devenue leur pays, celui de leurs liens, de leurs amitiés, de leurs amours, et qu’ils sont prêts à rendre à la société ce qu’elle a investi dans leur formation.

Pourtant, dès aujourd’hui, il y a des possibilités d’amélioration réelle et immédiate pour au moins réduire l’arbitraire des préfectures :

  • il faut faire cesser la suspicion généralisée qui pèse sur de nombreux jeunes dont les actes d’état-civil sont régulièrement contestés, alors que leur identité a été confirmée par un juge ou par les services consulaires de leurs pays ;
  • il faut cesser d’exiger des documents impossibles à présenter pour obtenir un titre de séjour (comme des passeports guinéens, par exemple), à plus forte raison lorsque la réglementation prévoit que leur présentation n’est pas obligatoire ;
  • il faut en finir avec le blocage absurde des demandes de rendez-vous en préfecture, qui, sous prétexte de dématérialisation, revient à fermer des voies de régularisation. Ainsi, des jeunes, que la loi oblige à demander un titre de séjour avant 19 ans, sont mis dans l’impossibilité de le faire ;
  • il faut que ces jeunes puissent avoir accès à des formations ou contrats d’apprentissage, en fonction de leurs niveaux de compétences, qu’ils puissent poursuivre les parcours engagés, et plus largement poursuivre la vie qu’ils ont entamée en obtenant aisément un titre de séjour protecteur et stable ;
  • il faut régulariser de façon large et durable les personnes étrangères présentes depuis plusieurs années sur notre territoire notamment en appliquant la circulaire du 28 novembre 2012 plutôt que de mettre fin à celle-ci sans le dire et de restreindre l’accès aux droits et ainsi multiplier les situations dramatiques.

Ce sont là des mesures de bon sens, qui seraient la preuve que le message de ces jeunes, de leurs éducateurs et enseignants, de leurs employeurs, de leurs formateurs, a été entendu. Mais elles ne nous dispensent pas de réfléchir ensemble à la mise en œuvre de politiques d’accueil et de respect des droits fondées sur l’ouverture des frontières et des cœurs et non plus sur la peur et la fermeture. 

Cliquez ici pour signer la pétition

lundi 11 janvier 2021

Une meilleure année 2021 !

A en juger par les vœux reçus, l’année 2020 a été éprouvante pour beaucoup… En nous décentrant un minimum de nos cas personnels, il est facile de nous rendre compte qu’il y a beaucoup plus malheureux que nous, à commencer par les migrants. La crise sanitaire les a relégués en dernière priorité (malgré des efforts initiaux pour élargir l’offre d’accueil en hôtel et autres mesures d'urgence). Même si le nombre d’entrées de demandeurs d’asile (DA) a baissé en 2020 (86 600 primo-demandeurs d’asile en 2020, contre 110 600 en 2019), les conditions se sont durcies.

Dessin WHO / aparttogetherstudy.org
Pour commencer, on peut se demander si la baisse de demandeurs n’est pas liée à la difficulté croissante d’accès aux diverses autorités. Comme l’écrit Brèves-Infos Migrations, « l’administration ne répond plus! Alors que des préfectures de plus en plus nombreuses obligent les demandeurs (étrangers) à prendre rendez-vous en ligne pour être « en règle », les plages horaires proposées sont notoirement insuffisantes, engendrant des catastrophes pour les demandeurs (pas de papiers, pas de preuve de demande, pas d’autorisation pour travailler, donc perte de l’emploi et des ressources, etc.)».

Ensuite, crise sanitaire oblige, les obstacles se multiplient : couvre-feu par ci, confinement par là, impossibilité de joindre l’OFII, retard de paiement des aides, délai interminable de comparution à la CNDA, gel des visas pour regroupement familial, fermeture de la frontière britannique (Brexit -pour la grande joie des passeurs !). Sans parler du non-respect de l’engagement de juillet 2017 « qu’aucune personne ne vive à la rue ou dans les bois », d’où la demande associative de 20 000 places d’hébergement en plus. Et la CNDA considère à présent l’Afghanistan, à l’exception du Nangarhar, comme pays sûr (une plaisanterie…) et va passer aux visio-audiences… Médiatiquement, les quelques attentats terroristes commis par des arrivants récents (cf. église de Nice) ne favorisent pas la cause des migrants.

Pour être honnête, reconnaissons quelques progrès : naturalisation de quelques 800 demandeurs « bons citoyens » (1,6% des naturalisations annuelles), forfait de transport minoré pour les DA (mais à Paris !), invalidation par les tribunaux administratifs de certaines décisions portant sur la visite aux DA détenus en rétention aux frontières.

Les difficultés rencontrées par les migrants en France et en Europe ont des conséquences dans les pays en développement. Ainsi, selon la Banque Mondiale, les transferts vers les pays d’origine auraient diminué de 7% en 2020, en grande partie du fait de la baisse de l’activité économique, et des contraintes de déplacement.

Enfin, il y a plus précaire que le demandeur d’asile enregistré (lui-même plus précaire, bien sûr, que le réfugié protégé), c’est le sans-papier, soit venant d’arriver et ne parvenant pas à obtenir un contact (exclusivement sur rendez-vous) avec l’administration ou ses avatars (plateforme d’aide), soit débouté de ses droits  - depuis le « dubliné » qui doit attendre 18 mois avant d’être éligible comme demandeur d’asile en France, jusqu’au « débouté » sous la menace d’une obligation de quitter le territoire (le fameux coup de pied OQTF…), rarement mais assez arbitrairement mis à exécution…  La crise sanitaire et l’hiver plutôt froid (pour ceux qui squattent ou sont à la rue) ajoutent l’épreuve à l’épreuve.

Oui, on peut souhaiter une année réellement meilleure pour tous, et spécialement pour nos amis migrants, à quelque stade qu’ils en soient dans leur parcours du candidat à l'intégration.

(Bénédict de Saint-Laurent, WPA)

jeudi 31 décembre 2020

Bilan de l'Assemblée générale annuelle de Welcome Pays d'Aix (WPA)

L'Assemblée générale de Welcome Pays d'Aix (WPA) s'est tenue en visioconférence le mardi 8 décembre 2020 de 18:00 à 19:30, en présence de 17 participants connectés (plus certains pouvoirs).

Globalement, l'Assemblée a validé le travail effectué par l'Association et son Conseil d'administration (CA) en 2019-2020.

Un nouveau CA a été élu et plusieurs orientations significatives (comme de s'intéresser au parcours d'ensemble du migrant, même après obtention du statut) ont été prises. Ce CA se réunira en visi
o-conférence le mercredi 13 janvier pour élire le bureau.

Pour en savoir plus, vous pouvez télécharger sur ce lien le compte-rendu détaillé de cette assemblée générale.

Ceux qui ne l'auraient pas fait et le souhaiteraient peuvent payer ici leur cotisation en ligne via HelloAsso). Ce n'est jamais trop tard !

(Bénédict de Saint-Laurent, secrétaire)

mercredi 30 décembre 2020

Barca Nostra, symbole malheureux du traitement médiatique des bonnes causes…

A mi-chemin entre Syracuse et Catane, Augusta serait un port tranquille si la ville n’avait connu l’un des pires drames de l’immigration méditerranéenne : en avril 2015, une sorte de caïque (grosse barque de pêche) venu d’Afrique du nord fait naufrage non loin de la Sicile, faisant près de 800 morts et seulement 28 rescapés. Pour donner une digne sépulture aux noyés, le bateau est renfloué en 2016 par l’Italie et devait terminer sa vie au port militaire proche d’Augusta - comme possible pièce maîtresse d’un futur lieu de mémoire. Las, les projets concurrents se sont multipliés autour de cette épave (exposition à Bruxelles en face du Berlaymont, musée à Milan etc.), et c’est finalement l’artiste très controversé Christophe Büchel qui finit par emporter la mise en proposant de faire de Nostra Barca un objet culturel en soi.

Le transbordement de Barca Nostra en 2019 (Photo Switch)
Le caïque est donc exposé depuis mai 2019 au quai de l’Arsenal à Venise, comme emblème de la 58ème Biennale. L’artiste s’était engagé à restituer le bateau à la municipalité d’Augusta, mais il a été endommagé lors de son transfert. S’ensuit depuis 18 mois un épisode tragi-comique où les différents acteurs (l’artiste, son agent, la Biennale, la Ville de Venise, le transporteur etc.) se renvoient tous la responsabilité du réacheminement de l’épave. Car le seul coût de l’aller Augusta-Venise était de
33 millions d’euros, de quoi assister près de 7 000 migrants pendant un an, au tarif de l’aide aux demandeurs d’asile en France…

Triste symbole de l’inconséquence et de l’indifférence européenne, Barca Nostra n’en finit pas de se dégrader en l’absence de touristes sur le quai de l’Arsenal. Il était déjà contestable de se servir du malheur comme œuvre d’art. L’épave ne sert même plus de cible à selfies… Il faudra peut-être un jour s’en débarrasser comme déchet, à l’instar de ce qui est arrivé aux migrants naufragés eux-mêmes… C’est d’autant plus regrettable qu’un travail remarquable avait été fait par 200 médecins légistes pour identifier après renflouement les corps restés prisonniers de l’épave. Mais aujourd’hui, un certain virus est passé par là, et a relégué aux oubliettes tout ce travail de mémoire.

(Bénédict de Saint-Laurent, WPA)

lundi 28 décembre 2020

Noël en famille...

Merci et bravo aux Croc,


qui ont invité Y et Vladimir à partager leur repas de Noël avec eux !

jeudi 3 décembre 2020

Pour participer à notre AG annuelle en visioconférence le 8 décembre à 18:00...

Petit rappel : l'Assemblée générale de Welcome Pays d'Aix (WPA) aura lieu en visioconférence le mardi 8 décembre 2020 à 18:00 précises.

Le lien de connexion est le suivant : https://meet.jit.si/WelcomePaysdAix 

Il n'y a pas de code d'accès... Mais attention : seuls les membres à jour de leur cotisation (payable en ligne via HelloAsso) pourront voter...

Si vous n'avez pas l'habitude de ce genre d'outils, nous vous conseillons de vous connecter le mardi 8 quelques minutes avant 18:00. Nous ouvrirons la salle virtuelle à 17:45 pour vous permettre de régler micro et vidéo... Si vous comptez participer, merci de prévenir Sylvie Piquenot, secrétaire de l'Association.

Notre mini-dépliant présente de façon succincte l'association et son objet (cliquer sur l'image pour la rendre plus lisible) :


lundi 30 novembre 2020

Réactions à une vidéo aux accents anti-migrants du maire de Pertuis

Dessin de Deligne paru dans "La Croix"
Plusieurs associations de Pertuis et du Pays d’Aix réagissent aux propos tenus par le maire de Pertuis dans une vidéo postée le 20 novembre 2020 sur le compte Facebook de cette ville.

Quels sont les faits exposés dans cette vidéo ? Le 19 octobre 2020, sept Afghans sont découverts à Pertuis, à bord d’un camion en provenance de Slovaquie, via l’Italie. Ils sont sans papiers et déclarent vouloir demander l’asile en France. Ils sont informés par les gendarmes qu’ils doivent aller présenter leur demande à Marseille, au guichet unique des demandeurs d’asile et sont laissés libres. Une heure après, ils sont contrôlés dans Pertuis puis quittent la ville le jour même.

Qu’est-ce que le droit d’asile ?

Ce droit est inscrit dans le préambule de la Constitution française qui affirme que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République ». Le droit d’asile découle également des engagements internationaux de la France, en particulier de la convention de Genève sur les réfugiés du 28 juillet 1951 ratifié par 145 Etats.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, alors que l’Europe comptait plusieurs millions de personnes déplacées sur l’ensemble du continent, la convention de Genève, prenant également en compte les persécutions de l’entre-deux-guerres et de la Shoah, a mis en œuvre les préoccupations proclamées par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, notamment l’article 14-1 « devant la persécution, toute personne a le droit de chercher l’asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays ».

Ce socle juridique, édifié peu à peu à partir des multiples meurtrissures de notre passé, revêt un caractère quasi « civilisationnel » qui peut se résumer en une phrase : protéger ceux qui risquent la mort.  C’est pourquoi, si le franchissement illégal d’une frontière de notre pays peut justifier une reconduite à la frontière, ceci est interdit si l’étranger a déclaré à une autorité compétente -par exemple la gendarmerie nationale- son intention de demander l'asile.

Nous ne devons pas l’ignorer. Le contester, ou demander que la loi soit modifiée sur ce point, est une erreur grave au regard de notre histoire.

Est-il exact que notre République est une véritable passoire ?

Nous laissons à monsieur le maire la responsabilité de cette affirmation. Nous n’en croyons rien. Dans l’exemple des demandeurs d’asile afghans arrivés à Pertuis le 19 novembre, le fait que les premières personnes qu’ils aient rencontrées à leur arrivée en France aient appelé les gendarmes, tend à prouver le contraire. Tous ceux qui se sont rendus sur la frontière avec l’Italie, au nord comme au sud, ont pu constater que les contrôles étaient très importants.

Les étrangers sont-ils responsables, de manière prépondérante, des attentats terroristes commis en France ?

Monsieur le maire fait référence aux deux attentats qui nous ont frappés récemment, l’assassinat de Samuel Paty et celui de trois personnes dans la basilique de Nice. En conclusion, il redit son inquiétude : « Imaginez si ces gens avaient été des tueurs ou des terroristes ! »

Cette crainte est-elle fondée ? Il est certain que le terrorisme islamiste n’est pas né en France. Est-il pour autant avéré que les demandeurs d’asile ou même que les étrangers résidant en France soient à l’origine de la plupart des attentats islamistes commis dans notre pays ?

Le nombre d’auteurs d’attentats perpétrés en France étant, heureusement, peu important, une approche statistique est impossible. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a toutefois rappelé, à propos des attaques depuis 2015 : “sur les 30 derniers terroristes confondus pour des actes commis sur notre sol, 22 étaient français, 8 seulement, étrangers”.

Le ministre de l’intérieur a aussi récemment révélé que, sur 20 000 personnes inscrites sur le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), 4% étaient en situation irrégulière en France.

Par ailleurs, il n’y a, a priori, aucune raison de penser que les auteurs d’attentats commis en France aient un profil différent de ceux qui ont tué ou blessé des personnes dans d’autres pays. Le think tank américain CATO qui a étudié les données de 174 pays entre 1995 et 2015, ce qui valide probablement une approche statistique, en arrive à la conclusion suivante : ”Nous n’observons aucune association significative entre la part des migrants dans un pays et l’activité terroriste”.

Suggérer un amalgame - "Imaginez si ces gens avaient été des tueurs ou des terroristes !" - est grave. Affirmer sans nuances ni précisions que notre République est une véritable passoire, et donc sous-entendre qu’elle doit être plus difficile d’accès, voire interdite aux demandeurs d’asile, n’a pas de sens.

Sans ignorer les difficultés de mettre, enfin, en place un accueil digne des demandeurs d’asile, les organisations signataires considèrent comme irresponsable d’attiser les peurs.

Elles rappellent leur attachement indéfectible aux valeurs de la République, au respect des engagements que la France a ratifiés et aux droits humains.

(WPA a signé cette pétition. La vidéo contestée est visible sur ce lien)

dimanche 29 novembre 2020

Parole forte d'un évêque !

Théophile Ntalu Nzungu, originaire de la République «Démocratique» du Congo, menacé de mort dans son pays, avait demandé l’asile politique à la France. Il était arrivé à Nevers depuis cinq ans, investi dans plusieurs associations. Chrétien non catholique, il a beaucoup animé la pastorale des migrants et nous réjouissait par sa foi et son sourire rayonnants.

Ayant été débouté du droit d’asile, il aurait pu bénéficier d’une régularisation à plusieurs titres. Les autorités françaises n’ont rien voulu entendre et ont décidé de l’expulser. Il a été mis de force ce matin dans un avion vers son pays où il n’a plus d’attaches et où il risque sa vie.

La France aurait pu s’honorer d’accueillir et de nationaliser une telle personne, il n’en a rien été. La France se rend responsable de ce qui risque désormais de lui arriver.

Théophile n’est pas un cas isolé. Bien des migrants sont arrivés chez nous au seul titre du droit d’asile et ont été rejetés au mépris du droit et parfois dans des conditions inhumaines.

La société française n’a rien à gagner à se fermer. La peur du terrorisme ne peut justifier le repli sur soi et encore moins les violences envers les personnes.

« Le sang des Français, le sang des Américains, le sang des Européens, c’est le sang des migrants » chantait Théophile. C’est aussi le sang de Jésus, qu’il a versé pour chacun de nous.

+ Thierry Brac de la Perrière, évêque de Nevers

(transmis par Michel Croc. Lire aussi cet article dans le Journal du Centre)

vendredi 27 novembre 2020

Une AG annuelle en visioconférence le 8 décembre 2020

L'Assemblée générale de Welcome Pays d'Aix (WPA), prévue début octobre 2020, n'ayant pu se tenir pour cause de COVID, nous vous proposons de nous réunir en visioconférence le mardi 8 décembre 2020 à 18:00 précises (le lien de connexion sera fourni aux membres quelques jours auparavant, le demander au besoin à notre secrétariat).

Ce sera nettement moins convivial qu'une véritable réunion... mais cela permettra au moins de vous tenir informés de l'actualité de Welcome Pays d'Aix, de partager avec vous les perspectives pour 2021 et surtout de répondre aux questions que vous pouvez vous poser.

Le Conseil d'Administration ayant perdu quelques uns de ses fidèles membres nous faisons un appel pour que ceux qui le souhaitent nous rejoignent.

Voici les points à l'ordre du jour:

  • Mot d’ouverture sur le contexte particulier actuel 
  • Rapport moral, vote
  • Rapport financier, vote
  • Perspectives 2020/2021
  • Candidatures au CA. Élection du CA
  • Questions diverses

(Sylvie Piquenot)

mardi 3 novembre 2020

Nouvelles du réseau WPA

[Ce texte -partagé ici en 2 articles- a été adressé récemment aux familles d'accueil et aux membres de l'association]

Un contexte difficile ayant impliqué une pause de l'accueil…

La crise sanitaire paralyse sérieusement l'activité de Welcome Pays d'Aix et de ses partenaires aixois en charge des migrants (Collectif Agir). Depuis l'été 2020, nous avons été contraints de faire une pause dans l'accueil de nouveaux demandeurs d'asile. Toutefois, ces derniers continuent d'arriver dans notre région (à un rythme un peu moins soutenu) et les besoins d'accueil restent importants.

Notre démarche depuis la rentrée est donc de relancer doucement l’accueil, avec 1, puis 2, puis peut-être 3 migrants début 2021, tout en poursuivant le suivi des "anciens" passés par notre association, et qui ont souvent encore besoin d'une certaine assistance (même dans le cas favorable où ils ont obtenu le statut de réfugié).

Ceci étant, et pour répondre aux demandes de certaines familles qui ne comprennent pas que nous ne les sollicitions pas, il n'est pas si facile de trouver des migrants que nous puissions vraiment aider : nous devons être sélectifs, éviter les risques pour les familles d’accueil (cas trop lourds, par exemple) ; notre région fait face à un afflux de migrants venant de pays peu éligibles pour l'asile (comme la Guinée-Conakry ou l'Albanie), or nous cherchons à intégrer dans la durée, avec de réelles chances de réussite ; nous visons des migrants pour qui le passage par une famille et l’assistance très proche peuvent être déterminants dans leur intégration (cas évident des mineurs); enfin, beaucoup de demandeurs d'asile sont des jeunes hommes qui préfèrent rester à Marseille, où existent des réseaux par nationalité, et où il est plus facile de trouver du travail infomel.

D’autre part, nous engageons dans l’accueil d’un demandeur d’asile pour une durée de 6 mois minimum. Cela nécessite d’avoir des familles d’accueil disponibles pendant les périodes de vacances ce qui est souvent un facteur limitant.

Les contraintes sanitaires nous ont obligé depuis le printemps à annuler une formation prévue fin mars puis fin avril 2020 sur l'approche narrative, puis à annuler la journée des familles et l'assemblée générale de l'association prévues le 4 octobre 2020.

Malgré ces difficultés, certaines activités se poursuivent

Nous ne restons pas inactifs :

  • Nous avons recommencé à accueillir, avec un demandeur d'asile iranien, Mehdi Rostami, 40 ans (actuellement chez Victor, puis chez les Croc, puis les Payan);
  • L'assistance aux démarches des demandeurs d'asile reste nécessaire, en particulier pour les préparer aux entretiens avec l'OFPRA (demande initiale) et la CNDA (recours). Depuis cet été, ont été ainsi aidés Alexe Macfoy (Centrafricain, passage à l'OFPRA le octobre 2020), Mekidès Asaye (relance de l'OFII, elle n'a toujours aucun droit), Asad Ali Zada (Afghan, audience à la CNDA annulée le 19 mars 2020 pour cause de Covid, mais relances en cours avec son avocate);
  • Les cours de français se poursuivent dans les locaux d'Agir les lundi, mercredi et vendredi, mais avec des effectifs assez réduits de migrants (5 à 10) et toujours la difficulté de grandes différences de niveau de français. Si certains parmi nous le pouvaient, des cours particuliers ou à 2 ou 3 élèves seraient très utiles. Nous recherchons un local central dans Aix pour ces cours;
  • Le suivi des "anciens" migrants reste assuré : certains migrants ont été accueillis pendant l’été pour des vacances (Asad a pu ainsi découvrir la Bretagne avec Bénédict); d’autres sont aidés dans leurs études ou insertion professionnelle (Ezadin Al Cheikh engage, avec l’appui en français de Marie Line, une de nos membres, un second CAP, après l'obtention inespérée cet été du CAP de carrossier); voir plus bas des infos détaillées;
  • Nous avons pu participer à l'Assogora d'Aix (journée des associations) le 13 septembre 2020, en squattant le stand d'Agir (merci à Michel Croc, Clémentine Mahut, Anne Lanfranco [et Bénédict] qui ont assuré cette présence); idem, participation à la journée des associations du Tholonet, la semaine précédente;
  • A cette occasion, un mini-dépliant incitant à l'accueil a été édité à 2 000 exemplaires. Il peut être proposé sur les présentoirs de certains lieux (associations, équipements socioculturels, mairies, églises …) ou donné à des amis qui seraient intéressés. Vous pouvez vous rapprocher d’un membre du CA (liste ci-dessous) pour en récupérer un petit stock à distribuer…
  • Nous avons trouvé de nouvelles familles d’accueil, que nous remercions chaleureusement pour leur engagement : Cécile et Marc Simon (Luynes), Kasia et Denis Bourée (St-Cannat), et un grand-père veuf, Jean-Luc Chuzel (Eguilles). Par contre deux couples âgés (octogénaires) ont dû renoncer à l'accueil dans le contexte sanitaire actuel;
  • Notre association avait été acceptée officiellement comme membre d'Agir en remplacement de JRS-Welcome à l’automne 2019. Elle a obtenu lors de l’AG d’AGIR de cet automne un siège au CA de ce collectif. WPA a désigné  Michel Croc pour cette fonction.

La suite des actions

Nous espérons pouvoir nous retrouver physiquement très vite ! Et nous devons aussi tenir notre AG annuelle, repoussée sine die depuis septembre (sera virtuelle en cas d’impossibilité de réunion).

Nous avons besoin d’élargir nos bases, de trouver des responsables pour notre CA (qui a maigri!), mais aussi d’autres formes d’aidants (cours personnalisés de français, démarches, vacances), et toujours des familles…

Nous restons à la recherche de possibilités d'emplois (petits ou grands boulots) pour des migrants, de moyens financiers (aide juridique, subsistance) et d'un local à Aix pour des cours.

Bien amicalement à vous tous !

[Les membres du bureau : Claude Carrillo, Victor Giudiccelli, Philippe Hallé, Michel Croc, Sylvie Piquenot, Bénédict de Saint-Laurent (document rédigé par ce dernier)]

Nouvelles des migrants accueillis ou suivis par WPA

Voici des nouvelles des demandeurs d'asile que les uns et les autres ont accueillis ou connus ces derniers temps :

  • Ibrahima Diallo (Guinéen, 32 ans) et Vladimir Bruma (Moldave, 27 ans), déboutés par la CNDA, ont trouvé accueil à Emmaüs Cabriès, qui leur donne un travail pouvant, sous certaines conditions, déboucher après plusieurs années sur une régularisation de leur présence en France;
  • Ezadin Al Cheikh (Soudanais, 21 ans depuis le 7 octobre) a donc fièrement reçu son diplôme de carrossier. Il poursuit son alternance et habite toujours au Foyer de Jeunes Travailleurs des Milles;
  • Mohamad dans Ste-Victoire
    Mohamad Al Masri (Syrien, 23 ans) a également obtenu le statut de réfugié le 6 avril 2020. Aujourd’hui, Mohamad loge au Foyer de Jeunes Travailleurs des Milles comme Ezadin. Il a commencé une formation CFA en gestion commerciale et travaille en alternance chez un livreur de repas où il découvre la gestion d’entreprise en France.
  • Moammar Atwi (Libanais, il aura 50 ans le 30 novembre) a obtenu le statut de réfugié cette année, mais peine à se reconvertir en journaliste (son métier), car ne maîtrisant pas encore suffisamment le français; du coup, il suit diverses formations à notre langue;
  • Alexe Mackfoy (Centrafricain, 25 ans) a été entendu par l'OFPRA à Paris le 5 octobre 2020 (le même jour que son frère William, ce que nous avons découvert !);
  • Maklet, pensive
    Makhlet Maharry (Erythréenne, 32 ans) a elle aussi obtenu la protection de la France, mais reste séparée de son fils Nathanaël qu'elle avait confié en Libye à une amie éthiopienne. Les démarches de rapprochement familial via la Croix Rouge semblent interminables. Maklet est toujours accueillie par une famille des Milles et travaille comme hôtesse d'accueil;et travaille dans la restauration (à défaut des services à la personne qu'elle voudrait assurer –idées bienvenues !);
  • Asad en Bretagne
    Asadullah Ali Zada ("Asad", Afghan, 42 ans) a quitté son logement près de St-Jérôme à Marseille pour une autre colocation proche de l'église des Réformés, ceci afin de pouvoir plus facilement travailler (après avoir fabriqué des masques comme couturier, il occupe divers emplois informels). Il a passé une partie du mois de juillet en Bretagne au sein d'une famille d'accueil, ses premières vacances depuis 7 ans;
  • Nous n'avons pas de nouvelles récentes, par contre, de Salifou Camara, Moussab, Husamah Mahama, qui sont restés assez brièvement dans le réseau. Nous restons cependant disponibles.
(Bénédict de Saint-Laurent)


lundi 2 novembre 2020

Ezadin, un beau parcours d'intégration

Un jeune migrant soutenu par Welcome, Ezadin Al Cheikh, 20 ans, a réussi à obtenir cet automne un CAP de carrossier. Si vous aviez vu ses yeux lorsqu'il a reçu son diplôme, c'était très touchant, beaucoup de joie et de fierté !

Ezadin est arrivé en Europe à 16 ans, venant du Soudan (Darfour) via un camp de réfugiés au Tchad, la traversée du désert de Libye, le franchissement de la Méditerranée, l'Italie, Marseille et la rue… Sa route pour atterrir au Pays d'Aix a été longue et semée d'embûches… Mais, aîné d'une ribambelles d'enfants, il devait y arriver!

Quand vous le croisez dans les couloirs du CFA, Ezadin a toujours le sourire aux lèvres ! Il est toujours content, heureux d'être en France. Il a préparé son CAP pendant 2 ans, malgré les difficultés rencontrées, un difficile apprentissage de la langue, et la complexité des matières d'enseignement général, techniques et professionnelles. A Welcome, nous étions un peu dubitatifs sur sa réussite, la crise du Covid lui a peut-être donné un coup de pouce, mais, comme pour prouver sa détermination, Ezadin prépare cette année un nouveau CAP (peinture en carrosserie). En plus du CFA (formation de base et professionnelle) et de son travail chez un employeur, Ezadin suit des cours de "Français Langue Etrangère" deux soirs par semaine après son travail.

Ezadin Al Cheikh est né en 2000 dans un petit village du Darfour. En 2003, la guerre civile éclate dans cette province : rébellions et répression font des milliers voire des dizaines de milliers de morts. Des villages entiers sont détruits, leurs habitants massacrés. La famille d'Ezadin s'enfuit vers le Tchad et se retrouve au camp de réfugiés d'Abeche. Dix années passent… Les conditions de vie sont très difficiles et le père d'Ezadin, qui veut une vie meilleure pour son fils, décide en 2014 de le confier à un oncle qui va travailler en Libye. L'homme part donc avec Ezadin. Ils traversent le désert dans des conditions périlleuses… Tous deux sont employés quelques mois à Sebbah mais ne peuvent obtenir le salaire promis. L'oncle rentre au Tchad et Ezadin se retrouve seul. Il a tout juste 15 ans. Les conditions de vie dans la Libye en guerre sont encore plus terribles que dans le camp de réfugiés qu'il a quitté (prison, sévices, disette). Il reste cinq mois à Tripoli avant d'embarquer sur un bateau de fortune vers l'Italie. Secouru par un navire italien, il débarque en Sardaigne. En deux mois, il rejoint Rome, puis Vintimille. Il traverse la frontière, les Alpes à pied et arrive épuisé à Gap où il décide de s'arrêter.

Ezadin est alors pris en charge par des associations qui s'occupent notamment des Migrants Isolés Étrangers (MIE). Fin 2016, il est envoyé à Marseille. Il commence à suivre des cours pour apprendre le français. Plus tard on l'envoie à Aix-en-Provence au Foyer Saint-Michel qui accueille des mineurs. Il y reste jusqu'à sa majorité. Il demande alors le droit de rester en France et obtient le statut de réfugié. Il a désormais le droit de rester et de travailler. Welcome l'accompagne en l'accueillant au sein de familles et en l'aidant à franchir les nombreux obstacles administratifs imposés aux migrants.

Aujourd'hui, Ezadin a mûri. Il ne perd plus, ou ne se fait plus voler, ses papiers et son pécule. Il gère son dossier administratif, sa carte Vitale, son compte bancaire, ses cours etc. Grâce à WhatsApp, il reste en lien avec sa famille au Tchad, mais lui regarde vers l'avenir, l'intégration en France. Il a une chambre minuscule au Foyer de Jeunes Travailleurs des Milles, où trône son scooter encore symbolique (il n'a encore ni permis ni assurance, mais peu importe, il contemple son futur destrier !). Chaque dimanche matin, il va jouer au foot avec d'autres migrants ou habitants de la ZAC du Jas de Bouffan, il aime tant marquer des buts ! Ses profs l'estiment et le soutiennent, car c'est un battant toujours optimiste, toujours prêt à rendre service… Ezadin n'a pas fini de nous étonner...

(Claude Carrillo et Bénédict de Saint-Laurent)

lundi 17 août 2020

Soutenez SOS Méditerranée en participant à une mise en scène à Aix

L’antenne de Marseille de SOS Méditerranée souhaite organiser deux "Die-in" : un à Marseille, au Prado et l'autre à Aix, près de la Rotonde.

A partir du 21 août 2020, les bénévoles de SOS Méditerranée organisent en effet des Die-in (mise en scène d'un naufrage) dans toute la France. Cette action symbolique vise à alerter les citoyennes et les citoyens sur la situation dramatique en Méditerranée centrale et à demander la libération de l’Ocean Viking actuellement détenu en Sicile par les autorités italiennes.

Pour y participer avec nous, il sera nécessaire d'être disponible 1 heure en fin de journée pour se retrouver à proximité d'un point d'eau (la plage, la fontaine etc) et mettre en scène la conséquence d'un naufrage. C'est tristement "parlant" et plutôt efficace pour interpeller les citoyens en leur montrant les conséquences humaines de la politique de harcèlement administratif menée par les autorités pour entraver les opérations civiles de secours en mer. Et pour les inciter à signer la pétition "Libérez l'Ocean Viking".

Pour vous inscrire à celui d'Aix-en-Provence, cliquez ici: https://framadate.org/zSNcobFcQy3dsI55

Nous avons besoin de déposer une "demande de rassemblement non revendicatif" auprès de la ville d'Aix au plus tard 3 jours avant le jour J; il est donc important de vous inscrire rapidement (idéalement donc aujourd'hui le 16 août ou lundi/mardi au plus tard) afin que nous puissions effectuer les démarches administratives en début de semaine prochaine.

Voici toutes les informations concernant l'organisation de ce Die-in :

  • Lieu : la Rotonde.
  • Date : 22 ou 29 août 2020 à 18 h.
  • Effectif : au minimum 10 personnes.
  • Organisation : les bénévoles participant au Die-in devront rester allongés ¼ d’heure. Il est impératif de garder le silence. L'espace sera délimité par des gilets de sauvetage.
  • Matériel : gilets de sauvetage et une banderole avec le lien vers la pétition : https://www.change.org/p/libérez-l-ocean-viking-2 (que vous pouvez d'ores et déjà signer !)
  • Dress code : tee-shirt orange et pour le bas du noir. Les personnes assurant la sécurité ne seront pas identifiables par leur tenue.

Les médias locaux seront contactés par SOS Méditerranée. Pendant l'événement il seraimpératif de respecter les gestes barrières liées au COVID-19.

Merci d'avance à toutes les citoyennes et tous les citoyens du Pays d'Aix, sensibles à la cause du sauvetage en mer, pour votre participation.

(message transmis par Brigitte & Agnieszka, bénévoles de SOS Méditerranée)